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Raymond Savignac et Bernard Villemot sont sans nul doute deux des plus grands noms de l’affiche française de la deuxième moitié du XXe siècle. Artistes indémodables, tous deux commencent leur carrière dans les années 1930 et sont aujourd’hui considérés comme de véritables traducteurs de leur époque. Et quelle époque épatante ! L’insouciance est reine au cours des Trente Glorieuses et la consommation bat son plein, une occasion en or pour les affichistes de diffuser leur talent grâce à la publicité. Orangina, Bergasol, Bic, Bally ou encore Air France, Bernard Villemot et son ami Raymond Savignac se partagent alors les campagnes d'affichage des plus grandes marques du moment.
Il est sûrement possible de dire qu’ils se ressemblent autant qu’ils sont différents. Ils partagent évidemment une palette de couleurs vives et joyeuses, mais surtout une vision du dessin marquée par un simplicité efficace et inimitable qu’ils illustrent cependant chacun d’une autre façon.
Chez Bernard Villemot, la simplification graphique est tout à fait remarquable. L’image se limite à des aplats de couleurs et un trait presque abstrait, parvenant tout de même à véhiculer l’intégralité des messages de la marque. Cela s’illustre tout particulièrement sur sa célébrissime affiche pour Perrier, que l’on pourrait qualifier de sommet de son art.
Savignac lui, “l’homme qui fait sourire les murs et réfléchir le papier”, utilisait davantage l’humour pour faire passer le message publicitaire, dans une vocation de complicité avec le spectateur.
Marqué par la sensualité et élégance pour l’un et la spontanéité enfantine pour l’autre, les styles des deux artistes se rejoignent somme toute dans une légèreté apparente, un trait simple et épuré et la mise à l’écart de tout ce qui n’est pas essentiel. En effet, s’ils n’avaient pas forcément la même façon de faire, Bernard Villemot et Raymond Savignac partagent tout de même une vision télégraphique de la communication. La notion lecture immédiate, un graphisme simple et sans nul doute une touche de gaieté marquent les milliers d’affiches réalisées par ces deux monuments de l’affiche française.
Les deux artistes se rencontrent en 1948. Savignac est invité à travailler dans l’atelier de Villemot et au printemps 1949, ils partagent une exposition commune à la Maison des Beaux-Arts. C’est là qu’est remarquée son affiche pour Monsavon, et que sa carrière prend un virage sans précédent. Il dira à ce sujet : “Je suis né à l’age de quarante et un ans, des pis de la vache Monsavon”. Bernard Villemot et Raymond Savignac travaillent ensemble, mais étaient également amis. L’histoire raconte l’origine de la moustache emblématique de Raymond Savignac : en réalisant l’affiche de leur exposition commune, l’idée est venue à Savignac de se laisser pousser une moustache et de se représenter avec, avant de finalement ne plus s’en séparer.
Dans les années 1970-1980, ils seront tous les deux rejetés par le milieu publicitaire, ne privilégiant pas l’efficacité au détriment du travail artistique. Villemot dira à ce propos : « Nous autres affichistes, nous avons été obligés de prendre le maquis. Le pays était occupé par les armées du marketing ». Leurs affiches colorées, profondément compréhensibles et évidentes font aujourd’hui partie du patrimoine français.
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