All about Bond

Tour à tour incarné par Sean Connery, George Lazenby, Timothy Dalton ou encore Roger Moore, James Bond a fait l’objet de pas moins de vingt-six adaptations au cinéma, vingt-sept aujourd’hui avec la sortie toute récente de Mourir peut attendre avec Daniel Craig (qui vient d’inaugurer son étoile sur Hollywood Walk of Fame!). Ce dernier incarne pour Steven Spielberg le Bond parfait du 21e siècle, et est pour Peter Jackson est l’agent 007 le plus redoutable depuis Sean Connery. À cette occasion, Posterissim vous propose un retour (non-exhaustif) sur une saga qui n’a pas fini de fasciner toutes les générations, à travers quelques-unes de ses affiches les plus emblématiques.

Les affiches originales des films de James Bond forment une iconographie somptueuse, témoin de l’Histoire, de l’histoire du graphisme et de l’art publicitaire. Mais surtout, elles rassemblent l’essence du mythe issu du personnage de Fleming : élégance, séduction et aventure. Sombres ou hautes en couleur, minimalistes ou hyperréalistes, elles sont illustrées par les plus grands : Robert McGinnis, Frank McCarthy, Bob Peak, Jean Mascii, Boris Grinsson, Yves Thos...

Également connu sous le matricule 007, James Bond est le plus célèbre des agents secrets. Le personnage prend vie en 1953 en Jamaïque, sous la plume de l’ancien espion britannique Ian Fleming. Produite en quasi totalité par EON Production, la saga James Bond commence sur grand écran à partir de 1962 avec James Bond contre Dr. No. Harry Saltzman et Cubby Broccoli ont produit ensemble les premiers Bond et formaient un tandem parfait. Saltzman croit au spectacle, et ne prend pas cette idée à la légère.

Cette année-là, le public fait donc connaissance avec la franchise cinématographique qui allait conquérir le monde, en découvrant l’affiche de James Bond contre Dr. No. L’utilisation d’illustrations peintes, similaires à celles des romans, promet une véritable évasion. Le James Bond laconique qui prend la pose en smoking, pistolet et cigarette à la main, incarne déjà le charme et la décontraction universels de l’agent secret. Dans tous les pays, les meilleurs affichistes de l’époque sont appelés pour produire les affiches du premier James Bond, qui deviendront iconiques. C’est Mitchell Hooks qui est à l’origine de la première affiche préventive, ou teaser, et son illustration servira d’inspiration à bon nombre de ses confrères. En France, Boris Grinsson livre une affiche magnétique, pleine d’élégance et de panache.

C’est Terence Young qui réalise le premier James Bond et tout le monde, y compris Broccoli, a toujours admiré sa vision : Young possédait à la fois beaucoup la classe et une grande culture, mais surtout, il savait travailler avec Sean Connery et en a fait ressortir les grands traits de la personnalité de Bond. Dans James Bond 007 contre Dr. No, la scène au cours de laquelle l’acteur, une cigarette à la bouche, prononce la célèbre phrase « Bond, James Bond », est l’une des plus emblématiques de la série. Ce jour là, Connery a captivé le public, défini le personnage à l’écran, et les dialogues de Bond deviennent des classiques. Cette réplique, d’une simplicité sans pareille, résume tout ce que l’on peut attendre de James Bond: danger et raffinement. Aussi, Sean Connery avait un physique parfait pour le rôle, à la fois suffisamment distingué et accessible pour façonner le personnage de manière juste et proche du spectateur.


Pour le deuxième film, Bons baisers de Russie (From Russia with love) sorti dès 1963, l’affiche britannique préventive dessinée par Eddie Paul et peinte par Renato Fratini, donne encore une fois la base de ce qui se verra dans les autres pays: un Bond inquiétant, une atmosphère sensuelle et exotique, des promesses d’aventure. La pose de Bond, qui tient un pistolet au canon long, devient l’une des images de Bond les plus instantanément reconnaissables. Par contraste, la campagne d’affichage américaine est plus informative et commerciale : David Chasman, directeur du marketing chez United Artists livre des maquettes photographiques explosives aux textes percutants et aguicheurs.

Les producteurs enchaînent les films et l’iconographie autour de James Bond continue d’évoluer. Pour Goldfinger en 1964, les campagnes françaises restent dans le style peint des deux premiers films, tandis qu’ailleurs on se tourne davantage vers l’approche novatrice de la photographie, inspirée du générique tourné pour le film. La représentation de l’image aussi sensuelle et mystérieuse que morbide du corps couvert d’or de Margaret Dolan (Dink) représente à l’époque un défi pour les affichistes.

Par ailleurs, un film de Bond ne serait pas complet sans une séquence pré-générique et c’est justement celle de Goldfinger qui fait encore aujourd’hui référence comme étant la perfection, celle avec laquelle il faut rivaliser. Ces quelques premières minutes représentent à elles seules de mini-films. Les films de Bond sont les précurseurs des films d’action, et même les séquences d’ouverture présentent des cascades incroyables. On peut par exemple penser à celle de L’espion qui m’aimait (The Spy who loved me), qui représente l’une des plus spectaculaires avec sa poursuite à ski et Bond qui saute d’une falaise.

N’oublions pas de mentionner que la voiture est un élément phare des James Bond. À chaque sortie, on se pose la même question: quelle sera la prochaine voiture de James Bond ? Steven Spielberg, dont Goldfinger est l’opus favori, confesse même avoir possédé une Aston Martin DB9 uniquement à cause de James Bond !

Suite au succès du film, l’affiche principale d’Opération Tonnerre (Thunderball) l’année suivante en Angleterre et aux États-Unis assure d’emblée aux spectateurs que tout ce qui leur a plu dans les trois premiers films sera au rendez-vous : l’action exotique, les filles, les répliques, les gadgets… L’affiche annonce même un projet encore plus ambitieux : « Le plus grand des Bond », et le logo 007 s’intègre par ailleurs dans l’accroche de la campagne (« Look up, look out, look down »), avec une utilisation graphique intelligente et novatrice.

Pour l’affiche britannique, Robert McGinnis présente une nouvelle version de Bond, qui troque son smoking contre une tenue de plongée et des palmes, et son pistolet contre un harpon. Les campagnes d'Opération Tonnerre sont comme toujours évocatrices du récit d’aventure et frôlent même parfois la bande dessinée. Les illustrations de Frank McCarthy nous montrent quant à elles un Bond impeccable avec son jet-pack. Dans les deux cas, l’un des éléments clé des films fait son apparition sur les affiches : l’humour, essentiel dans James Bond. Ce dernier doit constamment faire face à des situations qui mettent sa vie en péril, et l’une des manières de dominer sa peur, c’est le rire. Bond doit toujours être parfaitement à l’aise et se montrer intelligent, mais également avoir un sens du comique et de la malice dans le regard. Le rôle exige à la fois un certain air aristocratique, être drôle, méchant, romantique, et savoir passer rapidement d’une émotion à l’autre : il s’agit d’un personnage aussi complet que complexe.


C’est encore le célèbre duo formé par McGinnis et McCarthy qui signe les affiches de On ne vit que deux fois (You only live twice) en 1967, mélangeant à nouveau aventure et humour d’une façon typiquement bondienne. Le logo du film, avec la répétition habile et créative des mots « deux fois », s’inscrit dans la lignée des affiches du film précédent avec une expérimentation graphique à la fois élégante et éloquente.

L’illustration principale montre Bond, arborant son inimitable expression impénétrable dans la scène que l’on appelle « du bain », aux bons soin de sculpturales jeunes femmes en bikini. L’image est délibérément suggestive, voire grivoise, et reflète la libération sexuelle des années 1960. La campagne est aussi marquée par les affiches dites « Little Nelly » (sur lesquelles Bond pilote sans les mains !) et ces deux thèmes seront repris dans les variations faites dans les autres pays. Seule l’affiche italienne se démarque par son minimalisme saisissant, et a la particularité de représenter un Bond gaucher.

L’un des gadgets les plus mémorables de la série des Bond n’est justement autre que l’autogire « Petite Nellie » dans On ne vit que deux fois. L’appareil, qui n’a pas été créé pour le film mais qui existait déjà, est fourni par lieutenant-colonel de l’armée de l’air Ken Wallis. Il en est l’inventeur et c’est même lui qui le pilote dans le film, les gros plan avec Sean Connery étant tournés en studio.


Faisons à présent un petit saut dans le temps jusqu’en 1971 : signées par Robert McGinnis, célèbre pour ses femmes à la beauté impossible, les affiches anglo-américaines de Les Diamants sont éternels (Diamonds are forver) ramènent Bond en grande pompe : en effet, Sean Connery fait son retour à l’affiche et avec lui, sa pose légendaire qui l’identifie aussitôt. L’alunissage de 1969 est encore présent dans l’esprit du public, une aubaine pour l’artiste qui livre une affiche au thème spatial.
Après avoir laissé la vedette à George Lazenby pour Au service secret de Sa Majesté (On her Majesty’s Secret Service), Connery renfile donc le smoking de l'agent 007. L'affiche, un superbe visuel très seventies, est complètement à l'image du film: atypique, kitsch, démesurée et explosive. Le style de l’artiste étant marqué par la sensualité des figures féminines, il n'est donc pas surprenant de retrouver ses dessins sur les affiches de nombreux James Bond sur lesquelles il est entouré de ses célèbres James Bond Girls: Opération Tonnerre, Casino Royale, Au service secret de sa Majesté, On ne vit que deux fois

Au sujet des femmes dans James Bond, notons que Fleming a imaginé des personnages complexes qui sont dans les livres sont tout sauf quelconques. Elles sont très modernes et incarnent leurs époques et évoluent avec leur temps. Elles deviennent peu à peu des expertes dans des secteurs auparavant presque exclusivement dominés par les hommes. De toute évidence toujours sublimes, elles ont aussi (et peut être même surtout) beaucoup de caractère. Les James Bond girls ne sont pas toujours le reflet d’un certain machisme que l’on prête parfois à la saga ; elles savent incarner des figures de pouvoir et d’émancipation au même titre que les rôles masculins.


Dans James Bond, les personnages « secondaires » ne le sont finalement pas tant que ça. On dit souvent qu'un film vaut ce que vaut son méchant, c’est pourquoi Bond doit avoir un adversaire digne de lui, étant capable de le rendre vulnérable. Aussi, les films fascinent internationalement parce que les méchants ont un programme à l’échelle du monde. Seul Goldeneye fait figure d’exception : 006 ne souhaite pas conquérir le monde, c’est une histoire de trahison.

Héros solitaire, l’espion britannique devient rapidement une icône de la culture populaire mondiale, et les affiches anciennes originales des James Bond sont le parfait reflet de l’ambiance des films et de sa classe inimitable, aussi bien que le miroir d'une époque. Action, jeunes femmes sculpturales et smoking noir, très vite, elles affichent une unité de style qui devient culte à son tour. Parfois assorties d’un aperçu des cascades spectaculaires ou des décors exceptionnels, ces affiches anciennes originales participent pleinement à la création du mythe James Bond. Des images fortes sont associées à Bond et l’évoquent immédiatement : sa silhouette, le logo 007, le canon du fameux Walther PPK…

Des adeptes des premiers jours aux jeunes générations, aux yeux des néophytes, spécialistes ou passionnés, les films de James Bond traversent et l’histoire et continuent de fasciner. Que l’on soit amateur ou non, on ne manque jamais d’aller voir le nouveau James Bond.


Vous l’avez peut-être remarqué, Posterissim attache un soin particulier à la description de ses affiches anciennes originales. Pour en savoir plus sur l’histoire des films, de la production, des illustrations, des génériques ou encore pour lire des anecdotes sur les tournages, nous vous donnons rendez-vous dans les sections « En savoir plus » des affiches disponibles sur notre site.

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