C'était Belmondo...

C’est l’un des derniers monstres du cinéma français qui s’est éteint ce lundi 6 septembre à l’âge de 88 ans, laissant un vide immense dans le coeur des français. « Monument », « Mythe », « Trésor nationale », si nombreux sont les mots qui viennent à l’esprit de tous en pensant au charisme de celui que l’on surnommait affectueusement Bébel. Après une carrière de plus d’un demi-siècle, riche de plus de 80 films, Jean-Paul Belmondo restera à jamais un héros populaire. Un retour sur le parcours de l’acteur, sur ses « mille vies », comme il aimait le dire lui même, paraît finalement être une tâche insurmontable, tant il fût sur tous les fronts.

Pierrot le fou, Un singe en hiver, L’Homme de Rio, À bout de souffle, Flic ou voyou, Le Professionnel, Borsalino

☞ Gabriel Fouquet, Cartouche, Ferdinand Griffon, Louis Mahé, François Capella, François Merlin, Stanislas Borrowitz, Michel Poiccard, Adrien Dufourquet…

☞ Philippe de Broca, Michel Allegret, Jean-Luc Godart, Henri Verneuil, Jean-Pierre Melville, Jacques Deray, François Truffaut, Georges Lautner, Claude Lelouch…

Jean Gabin, Claudia Cardinale, Jean Rochefort, Ana Karina, Alain Delon, Catherine Deneuve…

Films, personnages, collaborations extraordinaires aussi bien devant que derrière la caméra : il semblerait bien que tout dans la carrière de Belmondo soit aujourd’hui absolument culte. Acteur intrépide, naviguant avec une aisance sans pareille entre cinéma populaire et films d’auteur, difficile de trouver une corde qu'il n’avait pas à son arc ! Sa filmographie est en effet aussi prolifique qu’éclectique : il participe à la naissance de la Nouvelle Vague avec par exemple À bout de souffle et Pierrot le fou, il cartonne (évidemment) dans les registres de l’aventure et de la comédie (L’Homme de Rio, Les Tribulations d’un chinois en Chine…), s’essaie au film de cape et d’épée (Cartouche), il maîtrise le drame (La sirène du Mississipi) tout autant que le film d’action (L’As des As), est maître du polar (Borsalino) et se lance même dans la parodie d’espionnage (Casino Royale). On peut sans nul doute parler d’une trajectoire on ne peut plus détonnante, mais qui colle pourtant si bien à la fougue de Belmondo.



Né en 1933 à Neuilly-sur-scène d’un père sculpteur et d’une mère artiste peintre, rien ne prédestinait portant Jean-Paul Belmondo à crever ainsi le grand écran. En effet, peu intéressé par les études, il se passionne tout d’abord pour le sport. Du football au cyclisme en passant par la boxe, qu’il pratiquera à haut-niveau (et comme toujours, avec succès), il en tire des prédispositions qui le mèneront à sa marque de fabrique au cinéma : l’exécution de ses propres cascades, en l’absence totale de doublure. Facile, selon lui, lorsque l’on a « de bonnes jambes et pas le vertige ». Tantôt équilibriste, parfois sauteur en parachute et souvent bagarreur, l’appétence de Jean-Paul Belmondo pour les émotions fortes n’a de cesse de régaler les yeux des spectateurs mais c’est surtout son propre bonheur qu’elle nourrit : « Tout jeune, j'ai hésité entre une carrière sportive ou acteur et avec ce genre de cinéma je fais les deux, donc je suis un homme comblé ».

(pour voir la vidéo, cliquez sur le lien sur la vignette, Belmondo y raconte ses cascades !)


Sport ou comédie, mais aussi (et surtout?!) théâtre ou cinéma ? En effet, outre le sport, le jeune Belmondo vibre également pour le théâtre. C’est devant une représentation des Femmes savantes de Molière à la Comédie française en 1946 qu’il prend à seulement 13 ans la décision irrévocable de devenir comédien. Dans une interview donnée en 2001, Belmondo revient sur ses premières amours pour les planches : “Quand j’ai eu envie de faire l’acteur, ça m’a pris très jeunes, je pensais au théâtre. Je n'ai jamais pensé au cinéma. (…) Le cinéma est arrivé par hasard dans ma vie. ». Et quel heureux hasard pour nous tous !



Tout au long de sa vie et de sa carrière, Jean-Paul Belmondo construit son propre mythe sans même sembler y penser, entre désinvolture et fantaisie. Des planches au grand écran, ses innombrables succès deviennent systématiquement des classiques. Il impose son attitude solaire dans tout le cinéma français et devient une icône dont l’amour porté par le public semble inconditionnel.

Si l’on peut se laisser à penser que Jean-Paul Belmondo emporte avec lui toute un pan du cinéma français, il n’en est pourtant rien. Les films restent et ils sont éternels, et c’est pour toujours qu’il vivra à l’écran, au même titre que nos tout aussi chers Piccoli, de Funès et Bacri.

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